Sweet Dog

Imaginez le saxophone de John Coltrane venant à s’égarer dans un garage, ou bien encore trois rockeurs punk subitement saisis par le virus de l’improvisation libre : voilà peu ou prou l’impression que pourrait donner un concert de Sweet Dog. Car si Julien Soro, Paul Jarret et Ariel Tessier ont emprunté à Paul Motian la combinaison du trio saxophone-guitare électriquebatterie, une formule devenue presque classique dans le jazz contemporain, c’est pour en tirer un parti radicalement différent, irriguant leur musique d’influences rock, hardcore, voire électro. Intenses, prenantes, leurs performances entièrement improvisées laissent volontiers libre cours à un déluge de décibels, de rythmes concassés et de sonorités triturées, comme pour mieux nous surprendre l’instant d’après avec un hymne fédérateur surnageant du chaos, ou le fantôme d’une ballade traversant un moment d’accalmie. Et si, au fond, ces mauvais garçons étaient avant tout des poètes ?