François Couturier/Tarkovsky Quartet

Il n’est pas si courant que l’on parle de rêve, ou plus précisément d’onirisme, au sujet du jazz. Cette musique est on ne peut plus ancrée dans la terre (cf. les tap dancers), et marquée au fer rouge de la réalité la plus dure. C’est pourtant ce à quoi s’attache François Couturier avec son Tarkovsky Quartet depuis treize ans déjà. À partir de l’univers ô combien singulier du grand réalisateur russe, le quartette s’attache à développer une musique qui, comme dans les rêves, se développe par association d’idées, au point que Carolin Emcke évoque à leur sujet « ce don si particulier de rendre palpable l’imagination musicale d’une manière quasi cutanée. » De fait, comme dans les films de Tarkovsky, le silence et la lenteur sont ici des éléments stylistiques fondamentaux du jeu. Tous musiciens aguerris, ils sont aussi à l’aise dans l’improvisation la plus libre que dans l’approche de la nouvelle musique ou l’interprétation de pièces du baroque, courants musicaux qu’ils brassent avec maestria pour produire de la beauté pure.